Amor ou l'inceste douloureux
Une pièce sombre, vaste tels les cieux.
Il est blotti dans un coin, sa cachant les yeux.
Il ne veux pas les ouvrir, il ne veux pas revoir
Cette ombre grandissante, cette ombre si noire.
Il a peur de ses griffes, de ses dents,
De ses yeux. Il serre les dents.
Il sait qu'elle approche, il la sent, il l'entend.
Mais elle, elle veut jouer, elle attend.
Il se rempli de solitude, tout d'un coup.
Il lève la tête, les yeux toujours fermés, et tend le cou.
Mais il reprend vite sa position foetale.
Il est bien seul, mais l'odeur est là, fatale.
Ses poils se hérissent le long de sa colonne.
Il sue à grosses gouttes et trempe ses habits.
Il voudrait être loin, si loin d'ici.
Ses maux de crâne l'assomme.
Ça y est, elle est revenue, trop vite.
Il n'ose toujours pas bouger; son âme set redescendue
Dans les fins fonds de son enfance nue,
Quand il ne croyais pas à ces mythes.
Peu à peu, de la lumière s'insinue ici.
L'atmosphère est étouffante, il a du mal à respirer.
Elle est de plus en plus près de lui.
Il sait que ça ne va plus tarder.
Voila, l'ombre le touche, parcoure son corps.
Lui se débat, donne son dernier combat.
L'ombre sort alors une arme en or.
Elle lui enfonce tout là bas.
Ses entrailles sont maintenant à même le sol,
Etalées, l'ombre les mange. Dîner de l'Enfer.
Il avait dix ans, il s'appelait Anatole.
L'ombre en avait treize, c'était son frère.