Sous la pluie
Les lances du soleil se figent dans le sol humide. La pluie tombe; cette odeur que parfois l'herbe crache, entre ce qui est chaud et ce qui est vague, ce qui est mot. Sur l'herbe menue verte, l'onde qui monte et qui descend, murmure à nos oreilles.
Les mains des enfants sont toujours aussi sales, sous la pluie, les doigts crottés de terre et de feuilles. Et alors, on entend traverser, des comptines d'enfants, dans les Jardins fleuris par la larme de lumière.
- "Mineur crépitement de farandoles majeures."
C'est un homme, pendue à l'arbre qui l'a dit: cette estampe pignochée de lumière. L'homme est à l'Arbre, ses mots sont masqués par le bruit de la pluie qui s'enfuit. Ses pieds pendent du sol.
Derrière lui une pierre, une roche stellaire. Une grosse roche s'affaissant, lisse, pleine de l'eau de l'ennui. Les comptines joyeuses s'y perdent, se taisent. Elles s'étouffent dans la forêt des bois de lait, dans le marasme des choses.
Le sang tache le gazon noir. Et les enfants courent dans les ruelles végétales, suivent les traces de sang comme les petits cailloux du labyrinthe. Pour creuser des trous; et la roche, l'épitaphe, leur tombeau sylvestre, à la lueur de la lune; la Mort dans ce qu'elle a de plus jeune en elle: l'enfance. Le Néant qui coule sur la pierre lisse des âges, les enfants se retrouvent dans la forêt où il n' y a rien à faire; rien; il y a juste l'Homme.
L'Homme a creusé des trous, le visage plein de sang. Et, la tête penchée sur l'écorce, il repense à l'eau sur son visage, à nous; visage terre et poussière fâce à l'étreinte de l'Univers. La corde de l'ennui pendue à son cou, l'a pendu à l'arbre.
"Un roi sans divertissement est un homme plein de misère."