Le tortionnaire des âmes
Sa grande carcasse glauque se déplaçait difficilement
Une sorte de marche funèbre avec des craquements
Ci et là d'articulations, les bras ballants le long
De son torse difforme d'où les côtes jaillissaient en amont.
Il y avait une dizaine de cheveux tout au plus
Sur son crane où pullulaient les cratères de pus.
Sur son nez trônait fièrement une bosse,
Cible préférée des lancers de caillasses des gosses.
Lorsqu'il se promenait dans le village
Tous l'évitaient pour mieux le railler, même les plus sages.
Après son passage les fleurs périssaient
Et fruits et légumes pourrissaient.
Il vivait dans une bicoque à l'image de son allure :
Poussiéreuse et trouée, tout comme sa parure en fourrure.
Il se nourrissait de cul-de-porc et de coeur-de-chèvre
Ce qui amenait des bouquets d'herpès sur ses lèvres.
Son âme, elle, était aux antipodes de ce corps disgracieux
Son âme était digne de diriger les plus hauts cieux
Il était plus doux encore que l'agneau le plus doux
Mais il était surtout plus con encore que Michel Sardou
Car il aimait une guenon de son bourg
Et comme il n'osait sortir le jour
Il allait voir Marie-jeanne le soir, regardant
A travers la fenêtre de la belle aux yeux blancs
En effet elle était aveugle de naissance
Donc il pensait avoir une chance.
Mais une nuit, le père malveillant de la Jeanne
Le vit et le chassa à coups de canne.
Le lendemain tout le village était sur le pas
De sa porte afin d'enfin faire sonner son glas.
Il eut beau s'enfuir en courant à toute vitesse
Il fut vite rattrapé par la grand' messe.
Il fut rué par tous et toutes de coups
Puis il fut mis sur une croix à l'aide de clous
On lui fit une couronne avec les plantes
Les plus piquantes et les plus urticantes.
Il symbolisait le mal absolu
La perversité mise à nue
On le brûla encore et encore
Il s'appelait Jésus. Jésus est mort!
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