Cigale et fourmis
Un jour, dans la rue, collé sur un mur on vit
Une affiche:
Et de larges champs d'or vastes à perte de vue!
Et une ligne de fourmis qui d'ardeur défriche
Avec la joie Stakhanove des petites ingénues
Un grand, large sourire croisant le bataillon
Qui travaillait sans cesse par amour pour Joseph!
Un jour une cigale, rampant dans ses haillons
Accosta vers les champs et manda à leur chef: "Un peu de pain et de chaleur
Dans ce monde de rancoeur"
Car du Goulag elle sortait
Son crime? Elle avait chanté
Un hymne pour les blancs! Vint alors le tourments
Et les atrocités!
Elle voulait un travail:"Pas de quoi en douter
Dit la fourmi Stakhanove, il faut seulement oublier
Toutes ses chansons honteuses
Qui ne sont là que pour semer
Les germes des bêtes malheureuses
Dans ce monde où tout va droit
Prolétaires et Nomenklatura
Se donnent la main vers la lumière
Et là où tout les livres diffèrent!
Viens à nous Sovieticus égarée
Pour taire ses chansons assassines
Et faire roussir les vastes champs de Blé
Qui doreront à la gloire de Staline
Ainsi pour les fourmis, la cigale fit une chanson
Sur les bienfait de la Collectivisation
Et toutes les fourmis-façades vivèrent heureuses
Pour cacher cette morale frileuse:
Méfiez-vous simplement des Mythes et des Fables
Qui ne servent qu'à remplir de nouvelles légendes
Où tout chanteur adverse est une chose jetable
Magnifiquement martyrisés par l'oeuvre de propagande